Alors au départ, les Dîners-Débats de PariS-M, ça commence toujours par une réunion du bureau au Falstaff deux heures avant autour d’une pizza et d’une bière. On est comme ça, à PariS-M, on est dingue de pizzas-aux-chips+bière … euh, non : des réunions. Alors on s’en fait une dès qu’on peut.
Là, comme il y a atelier samedi, fallait qu’on décide qui fait quoi, à qui, et dans quel sens. On vous a préparé un de ces trucs, je vous dis pas : il y aura des tas de gens … qui vont avoir la possibilité de taper sur des tas d’autres gens … dans un club BDSM parisien pour pas cher, en toute sécurité, gentiment, et en s’amusant. Trop bien !
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Ensuite, un peu avant 19h30′, nous sommes montés dans la salle « Marie » (ça ne s’invente pas) du Falstaff pour accueillir les participant.e.s. Ça a dîné et/ou bu tranquillement. Nous avons tout expliqué aux nouveaux et nouvelles, fait la bise aux habitué.e.s, et distribué le petit jeu/les petites animations du début.
- Cette fois-ci, il y avait :
un historique du BDSM, depuis les Mésopotamiens (-6000 avant JC) jusqu’à nos jours, et en 3 pages, s’il-vous-plait ; même pas peur !
- une question sur la première mesure que vous prendriez si vous étiez ministre du BDSM ((((perso, mon top-3 des réponses, c’est : « pouvoir fouetter ou être fouetté.e en place publique et sans aucun motif », « rendre obligatoire les matières végan pour les jouets » et « développer les métros toute la nuit, juste pour les participant.e.s aux soirées BDSM »))))
- et un petit papier à remplir anonymement, histoire de se faire une idée de qui nous étions, dans la salle : « En quelle année avez-vous commencé le BDSM ? »
Résultats :
63% des participant.e.s entre 2010 et aujourd’hui
10 % entre 2000 et 2009
27 % avant l’an 2000
Que s’est-il passé pour ceux et celles qui ont commencé le BDSM entre 2000 et 2009 ? Pourquoi étaient-ils/elles aussi peu nombreux/ses dans le public d’hier soir ? Épidémie de myxomatose chez les bunny à cette époque ? Émigration massive sur une autre planète après la sortie de 50 nuances de Grey (2011) ? Allez savoir …
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Et puis 20H45′ a sonné. J’ai sorti mon carnet aspire-râles (celui où j’avais tout préparé les questions), le micro s’est allumé, et nous avons discuté.
De quoi ? Et bien, dans le désordre :
- Kinky, ça veut dire quoi ?
Deux réponses se sont crêpées le chignon, si je puis dire : « cheveux tordus » , « sexualité non-conventionnelle qui englobe le BDSM ». Je ne me souviens plus de qui a gagné, des linguistes ou des langues-fourchues, mais de toute façon, on n’est pas là pour donner/trouver la bonne parole. Chacun arrive avec ses certitudes et repart, si tout le monde y met du sien, avec un gentil mal-aux-cotes à force de s’être amusé.
- Avant Internet, on faisait comment pour contacter ?
Réponse unanime, spontanée et en choeur des cacochymes : « Le chasseur français !!! »
Devant la mine incrédule de Trésor (notre trésorière), il fut expliqué que les annonces dans les journaux étaient quasi le seul moyen de rencontrer il y a 30 ans. Et que le Chasseur Français, tenu par des anciens de Hara Kiri assez porté.e.s sur la chose, était attendu par toute la France SM chaque mois.
- Ensuite on a parlé des photos, celles que l’on regarde (magazines spécialisés avant / Internet aujourd’hui) et celles que l’on montre sur Fetlife. Fut abordé aussi le culte actuel de l’image de soi.
- Sinon, on s’est posé la question du choc, ou pas, des cultures suite à la numérisation/mondialisation, et de l’influence que cela peut avoir, ou pas, sur nos pratiques BDSM de français.e.s de France. Le Japon, les US, l’Angleterre et sa fameuse éducation du même nom, Berlin, etc … Est-ce que cela a changé nos pratiques ? Chacun a apporté sa réponse et son point de vue.
- Quand à la massification qui en découle, est-elle réelle justement ? Maître Capeloduku (private joke) nous a rappelé que grosso-modo depuis les années 50, le pourcentage de personnes ayant une sexualité non-conventionnelle n’a pas changé. (((A vérifier par tout un chacun, comme tous les chiffres donnés par les un.e.s et les autres au cours de nos débats.))) La massification (supposée) a-t-elle amené à une chapellisation ? Il n’y a pas eu de réponse tranchée. Par contre, une idée a été émise que j’ai notée plus particulièrement : comme toutes les pratiques sont accessibles visuellement, le panel du choix est plus grand qu’avant, peut-être, et cela permet de choisir plus spécifiquement ce qui nous convient (exemple fut donné d’une pratique D/s standard qui petit à petit s’est tournée vers du DDLG – Daddy Dom Little Girl)
- La question du/des genres, « plus ou moins marqués qu’avant dans le BDSM ? », fut posée. Et, comme bien souvent, le sujet du genre dans le BDSM méritant un débat à lui tout seul, nous sommes loin d’en avoir fait le tour hier soir. Idée que je retiens : des CLASSIFICATIONS de genres – le pansexualisme par exemple – n’existaient pas avant.
- Questions aussi pour savoir si, et pourquoi, la nouvelle génération « rejetteraient » les codes usuels des moins jeunes. Il y a d’abord la question d’argent (ça coute une blinde tout ce matos), et puis, pour le dress-code, il n’y a aujourd’hui plus de tabou à porter du cuir/wetlook H24, alors qu’avant c’était transgressif. Le port du collier subit la même banalisation : exemple des pré-ados portant des colliers de chien pour le look.
- Dernier point du débat : la « normalisation du BDSM dans la société » : « Oui, il y a » ? , « Non, c’est tout pareil qu’avant, nous sommes des parias »?
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Ensuite, nous avons consacré un dernier moment aux témoignages personnels (de ceux et celles qui le souhaitaient, bien sûr) en réponse aux deux questions suivantes :
- D’après Freud, il y a le « stade oral », puis le « stade anal » dans le développement de la sexualité. Avez-vous eu conscience, dans votre vie sexuelle, d’un passage au « stade BDSM » ? Autrement dit, avez-vous eu conscience, et quand, que vos envies sexuelles étaient non-conventionnelles ?
- Dans votre parcours de vie, y a-t-il eu des changements dans votre pratique du BDSM, des changements d’angle, de conscience … et si oui, quel en a été le déclencheur ?
On ne vous dira pas les réponses – ce qui se raconte d’intime dans un Dîner-Débat reste dans le Dîner-Débat – mais bon, quand même, on peut le dire : les multiples confidences d’éducation religieuse ont soulevé bien des murmures et soupirs d’émerveillement ravi.
Ça peut se comprendre …
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Voilà, c’était ce dont je me souviens d’hier soir. Pas sûr que tout soit là, ni pas un poil ré-interprété par ma mémoire facétieuse. Mais bon, j’ai dormi depuis …. et c’est jamais bien quand je dors.
Le prochain dîner-débat aura lieu le mercredi 21 novembre. Save the date !
D’Ange, Heureux anime-moiteur du Dîner-Débat d’hier soir.