« Je suis contente ! »
Clochette était en train de lire mon dernier texte. Enfin, mon re-premier, devrais-je dire, car ça faisait un bail.
Je scrutais ses lèvres. Ses lèvres, c’est le test. Si elle se mordille celle du bas en lisant, j’ai réussi mon coup. Les cuisses qui se serrent et se frottent, ça dit tout, aussi. Faire jouir par les mots, c’est ma came. Ces lectrices que j’imagine se caressant à la lueur de l’écran le soir en me lisant, moi-même, c’est si bon de me les imaginer.
« Mais cette fille à qui tu écris, elle existe ? »
Pas que Clochette soit jalouse. Mais cela fait tellement longtemps que je n’avais pas mis un mot devant l’autre et que cela l’attristait. Elle avait besoin de savoir le re-début, le re-pourquoi, et ne louper aucune miette de ma re-naissance de sexcrivain.
« Oui, elle existe. Mais c’est surtout son mot, « billevesée », qui m’a filé la gaule. »
Elle s’est remise à lire. J’ai vu ses cuisses bouger. J’ai souri, mes cuisses à moi ne bougeaient pas mais c’était tout comme. Peut-être le passage de la rambarde de l’escalier où je l’ai baisée si souvent ? En tout cas moi, j’y pensais. Putain de confinement. Elle est là à 5 mètres, cette putain de rambarde, derrière cette putain de porte de palier, quasi à portée de zob, et je n’ai qu’une envie, la traîner là-bas avant même la fin de sa lecture.
Tout nous manquait dans ce re-putain de confinement. Notre sexualité, c’est nous deux, bien sûr, mais aussi tous les autres qui sont comme une extension de nos délires.
Marie-Carmen, Marie-Pimprenelle, Marie-Marie, vous me manquez tellement !
Moi je baise, je fouette, j’encorde ou je fais du love main dans la main avec mes belles – suivant l’humeur du moment – puis j’écris, « j’auto-fictionne » comme il se dit chez les sachant·e·s de l’écriture, et Clochette elle, ainsi que mes lectrices, elles lisent, se mordillant la lèvre et ne sachant pas trop ce qui est vrai ou presque vrai de mes nuits.
Mais elle, ma Clochette, les missions où je l’envoie, ça ne lui manque-t-il pas ?
Je me souviens d’une des premières. C’était à la Domangère, chez Oncle Phil’. Une superbe maison, avec piscine, donjon, pleins de chambres et de monde qui se retrouvent aux alentours du 15 août chaque été.
C’est là que nous avons rencontré Sergueï, accompagné de sa créature. Sergueï qui deviendra un de ses amants, à Clochette. Un peu amoureux, beaucoup joueurs, qu’est-ce qu’ils sont mignons tous les deux … mais Clochette ne me raconte que les grandes lignes. Pas mon truc, de savoir les détails.
Bref, pour en revenir à cette première mission. Nous avions sympathisé tous les quatre, avec Sergueï et sa copine, à refaire pendant des plombes le patriarcat, le CAC 40 et les pollutions non nocturnes, lorsque ça m’est venu comme ça, une intuition, que j’ai soufflée à l’oreille de Clochette :
– « Dis-moi, ma chérie, il te plairait pas un poil, Sergueï ? »
Et Clochette de rougir.
– « OK, je t’arrange le coup, et avec sa belette aussi, j’imagine ? »
Acquiescement confus de Clochette.
Ah, comme je t’adore ma salope, qui réveille tout l’immeuble lorsque tu jouis, et par ailleurs toute emberlificotée de ne pas oser me dire « oui » alors que tu ne demandes que ça, en vrai.
Mais qu’est-ce que moi aussi, j’ai joui dans ma tête, lorsqu’un peu plus tard j’en ai parlé en aparté aux deux (peut-être) futurs chargés de mission, éberlués :
– « Dis-moi, Sergueï, Clochette pour vous deux pendant deux heures ce soir, ça vous tente ? »
Après un moment d’explication du pourquoi du comment du délire que nous avons Clochette et moi – timide comme elle est – que je lui serve sur un plateau les amant·e·s qu’elle désire, je proposais à Sergueï et sa comparse d’y réfléchir, et de revenir vers eux à 18h, afin de connaître leur décision.
L’après-midi s’écoula, qui à la piscine, qui à la sieste, qui au donjon prenant de l’avance sur la soirée. Clochette déambulait en baissant les yeux, n’osant croiser le regard de Sergueï et de sa belle, qui eux, concialibulaient en riant à messes basses, genre « on aurait dit que … ». C’était d’un jouissif !
A 18h, verdict :
– Tout ce qu’on veut ?
– Yep !
– Vraiment ?
– Yep, « Mission : objet sexuel ! » N’importe quel ordre, ça la fait dégouliner !
J’ai ordonné à Clochette de se présenter devant la porte de Sergueï à 21h, en tenue sexy, talons hauts et collier, comme demandé par Sergueï … que j’ai vu vers 20h50′ passer par la cuisine et en ressortir avec un saladier rempli de toute une variété de fruits et légumes. Faut dire que Clochette ne fait pas mystère qu’elle adore se faire remplir le minou d’objets divers. Elle nous avait d’ailleurs servi la bière ainsi cet après-midi à la piscine, la bouteille à l’intérieur de là où vous pensez.
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En fait, Sergueï, c’est vraiment devenu un pote depuis. Pour vous décrire le personnage, après les deux heures de cochonneries avec Clochette, il est revenu sous la véranda avec sa créature faisant marcher Clochette à quatre pattes en la tirant par les cheveux.
Elle fut installée en plein milieu de la grande table en bois, nue. On voyait des marques de dents, de griffures et des traces d’on ne savait trop quoi sur son corps. Clochette était en nage, les yeux quasi-déjà-révulsés. Faut dire qu’être un « bout de viande à baiser et malmener », c’est sa came, à elle.
Alors Sergueï a emprisonné la langue de Clochette entre deux baguettes en bois, l’empêchant de fermer la bouche. Quelques bouts de gingembre furent glissés de part et d’autres, collés aux gencives. Clochette s’est mise à baver sans relâche et sans pouvoir faire autrement.
La bave tombait dans une petite tasse, placé dessous. Nous regardions tous, fascinés.
Le saladier de légumes est revenu. Clochette n’a pas jouit pour chaque, mais pas loin.
Putain de « Mission : confinement » !
Crois-moi, Clochette. Dès que le ciel redeviendra bleu, je t’enverrai te faire tringler par toutes les salopes et tous les salopards que tu veux. Promis !
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Épisode 19, ici : http://www.vapeursdalcove.fr/CAV19/
Le début, là : http://www.vapeursdalcove.fr/CAV01/